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Le
23 avril, nous célébrons la mémoire du Saint et glorieux Grand-Martyr
Georges le Tropeophore et de ses compagnons : Anatole, Protoleon, Athanase
et Glykerios. Ce
grand et admirable athlète du Christ était issu d'une famille de
Cappadoce, riche et de haute condition. Ayant perdu son père à l'âge de
dix ans, sa mère Polychronia, qui était devenue chrétienne à l'insu de
son mari, retourna dans sa patrie, la Palestine, et éleva son jeune fils
dans les vertus évangéliques. De belle apparence, intelligent et de mœurs
raffinées, Georges entra dans la carrière militaire à l'âge de
dix-huit ans. Il plut à ses supérieurs et fut rapidement élevé au
grade de tribun de la garde impériale, puis, semble-t-il, à la dignité
de préfet. De
retour vers la Cappadoce après une campagne victorieuse, passant dans la
région d'Attalia en Pamphylie, il délivra la fille du roi, qui avait été
livrée en pâture à un redoutable dragon, et mit à mort la bête par la
force surnaturelle qu'il tirait de sa foi. Admiratifs devant cette démonstration
de la puissance accordée par le Christ à ses fidèles contre les
puissances du mal, les païens de l'endroit se convertirent tous au
christianisme [2]. Au
temps de la Grande Persécution déclenchée par Dioclétien (vers 304),
comme l'empereur avait convoqué à Nicomédie tous les gouverneurs
d'Orient pour leur communiquer ses décrets contre les Chrétiens, Saint
Georges, sentant que le moment était venu pour lui de confesser
publiquement le Christ, distribua tous ses biens aux pauvres, affranchit
ses esclaves et se rendit à la cour. Il se présenta au milieu de
l'assemblée et reprocha au souverain de verser injustement le sang
innocent des Chrétiens. Stupéfait, Dioclétien chargea son second,
Magnence, d'interroger cet insolent sur sa croyance. Georges répondit que
c'était parce qu'il croyait au Christ, vrai Dieu, qu'il était venu sans
crainte leur adresser ces reproches. Une fois remis de sa stupeur,
l'empereur, craignant l'agitation de l'assistance, proposa au Saint de le
couvrir d'honneurs à condition qu'il accepte de sacrifier aux dieux de
l'Empire. Georges répondit : " Ton règne se corrompra et disparaîtra
rapidement, sans te procurer aucun profit; mais ceux qui offrent un
sacrifice de louange au Roi des Cieux règneront avec Lui pour l'éternité
!" Sur
l'ordre du souverain les gardes frappèrent de leurs lances le Saint au
ventre. Le sang se mit à couler à flot, mais, dès les premiers coups,
leurs armes se tordirent comme si elles étaient faites de matière molle.
Le soldat du Christ fut alors jeté en prison, avec une lourde pierre sur
la poitrine. Le lendemain, il comparut de nouveau devant le tyran et
montra la même fermeté, aussi l'attacha-t-on à une roue suspendue
au-dessus d'instruments tranchants, de sorte que, quand on la faisait
tourner, le corps du Saint était progressivement coupé en morceaux.
Surmontant la douleur par le débordement de son amour pour Dieu, Saint
Georges ne cessait pas de rendre grâce au Seigneur. Une voix se fit alors
entendre du ciel, disant : " Ne crains rien, Georges. Je suis avec
toi ! " Et un Ange, vêtu d'une robe blanche plus brillante que le
soleil, descendit pour le délier et le guérir de ses blessures.
Lorsqu'il se présenta sain et sauf devant l'empereur, deux officiers de
la garde, Anatole et Protoléon, confessèrent le Christ à haute voix.
Ils furent aussitôt décapités. L'impératrice Alexandra, elle aussi, se
déclara chrétienne, mais Magnence la contraignit à se retirer au
palais. On
jeta alors le Saint dans une fosse remplie de chaux vive ; mais, tel les
Trois Jeunes Gens dans la fournaise de Babylone, il en sortit sain et sauf
au bout de trois jours, salué par la foule qui s'écriait " Grand
est le Dieu de Georges ! " L'empereur, restant toutefois insensible
devant toutes ces démonstrations de la puissance du Christ, ordonna de
forcer le Martyr à marcher avec des chaussures garnies de pointes rougies
au feu. " Cours, Georges, vers l'objet de tes désirs ! " se
disait le Saint en invoquant le secours du Seigneur. Et c'est une fois de
plus, incorrompu et rayonnant de grâce, qu'il se présenta devant le
tyran. Par
la grâce de Dieu, il échappa aussi au poison préparé par un mage nommé
Athanase. Comme celui-ci et ses congénères restaient encore incrédules,
en pensant que Georges usait de quelque artifice magique, à leur demande
il ressuscita un mort enseveli depuis trois cents ans. Celui-ci se
prosterna devant le Saint et, déclarant qu'il avait été tiré de
l'enfer par sa prière, il confessa le Christ. Le mage vaincu tomba alors
aux pieds du serviteur de Dieu, lui demanda pardon et proclama à son tour
la vraie foi. Eclatant de fureur Dioclétien ordonna de décapiter sur le
champ Athanase et le ressuscité. Nombre
de ceux qui avaient cru au Christ à la suite des miracles de Saint
Georges trouvèrent le moyen d'aller le visiter dans sa prison afin d'être
instruits des vérités évangéliques ou pour recevoir la guérison de
leurs maux. Le Saint compatissait à la douleur de chacun et il ressuscita
même le bœuf d'un paysan nommé Glykérios. Ce dernier fut ensuite arrêté
et décapité sans autre forme de procès. Le
lendemain Dioclétien fit comparaître Georges au temple d'Apollon, en présence
d'une foule considérable. Feignant de vouloir sacrifier, le Martyr entra
dans le temple et s'adressa à l'idole en faisant le signe de la Croix.
Les démons qui habitaient la statue confessèrent alors avec frayeur que
seul le Christ est Dieu véritable et ils sortirent dans un grand
brouhaha, laissant les statues inertes s'effondrer à terre. Les prêtres
et les païens chassèrent alors le Saint à grands cris et le ramenèrent
au palais. Attirée par le tumulte, l'impératrice Alexandra sortit,
fendit la foule en criant : " Dieu de Georges, viens à mon aide !
" et elle tomba aux pieds du Saint. Ne pouvant plus contenir sa rage
le tyran, dont le cœur s'était endurci comme autrefois celui de Pharaon,
ordonna de les décapiter tous les deux. Mais, la veille de l'exécution,
Alexandra remit paisiblement son âme à Dieu dans la prison. Le
jour venu, Saint Georges se rendit sur les lieux de l'exécution suivi
d'une grande foule. Il rendit grâce à Dieu pour tous Ses bienfaits et,
demandant Son assistance en faveur de tous ceux qui invoqueront avec
confiance son intercession dans la suite des siècles, il inclina la nuque
sous le glaive et partit pour remporter au ciel les trophées de la gloire
éternelle. Conformément
à la recommandation du Saint, son serviteur transporta ensuite sa précieuse
relique dans sa patrie, Lydda (Diospolis) en Palestine, où d'innombrables
miracles s'accomplirent dans la vaste église que l'on construisit en son
honneur. Le
culte de Saint Georges a connu une immense faveur dans tout le monde chrétien,
tant en Orient qu'en Occident. Il a été St Georges choisi pour
protecteur de pays comme la Géorgie [3] et la Grande-Bretagne, des
milliers d'églises lui ont été consacrées et toute âme chrétienne
voit en lui l'incarnation des vertus de vaillance, de patience dans les
afflictions et de confiance en l'assistance de la Grâce que le Christ, Maître
du combat, a recommandées à tous les soldats de la piété. |
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