Saint Etienne - Eymoutiers, Faux la Montagne

Transfert des Reliques du Saint Premier-Martyr et Archidiacre Étienne

Saint Étienne , diacre,  premier martyr, vers l'an 34.

Résumé

 Homme rempli de foi et d'Esprit Saint, premier des Sept que les Apôtres choisirent comme coopérateurs de leur ministère, il fut aussi le premier des disciples du Seigneur à verser son sang à Jérusalem, portant témoignage au Christ Jésus, qu'il affirma voir debout dans la gloire à la droite du Père et, pendant qu'on le lapidait, il priait pour ses persécuteurs.

Étienne qui porte un nom grec (stephanos, le couronné) apparaît parmi les disciples des apôtres dans la première communauté chrétienne de Jérusalem. Quand des disputes (ce sont les premières mais, hélas pas les dernières dans l'histoire de l'Église) s'élèvent au sujet des veuves hellénistes et des veuves juives, on pense tout de suite à lui et il devient le premier des sept diacres chargés du service des tables. Il s'en acquitte à merveille sans pour autant se trouver exclu du service de la Parole. Ce n'est pas en effet pour son service de charité qu'il est arrêté mais bien pour avoir, devant des représentants de la "synagogue des Affranchis", proclamé avec sagesse l'Évangile de Jésus, le Christ. On le conduit devant le sanhédrin. Il parle. On l'écoute longuement sans l'interrompre. Toute la prédication des apôtres défile dans son discours qui se termine par une vision divine: "Je vois les cieux ouverts et le Fils de l'Homme debout à la droite de Dieu." C'en est trop. On se saisit de lui, on l'entraîne, on le lapide sous les yeux d'un certain Saul. Étienne meurt comme son Maître, pardonnant et s'abandonnant entre les mains du Père. Il est le premier martyr et, de ce grain tombé en terre, le premier fruit sera la conversion de Saul sur le chemin de Damas, pour qui le ciel s'est ouvert aussi. Paul en fut aveuglé parce qu'il n'avait pas encore reçu la grâce du Baptême.

La vie et le martyre du saint Etienne

Le 26 décembre, nous célébrons la mémoire du Saint Premier-Martyr et Archidiacre Etienne

Après la Pentecôte et l'effusion du Saint Esprit sur les Apôtres, nombreux furent ceux qui commencèrent à se convertir, saisis par les paroles de feu des Apôtres et par leurs miracles. Une fois devenus membres du Corps du Christ par le Saint Baptême, les croyants abandonnaient tous leurs biens pour en déposer le prix aux pieds des Apôtres et, se détachant de tout lien et de toute affection, ils menaient vie commune, n'ayant qu'un cœur et qu'une âme. Après s'être acquittés assidûment de leurs devoirs religieux au Temple, ils se réunissaient en particulier pour suivre l'enseignement des Apôtres, louer le Seigneur Jésus-Christ et participer avec allégresse au festin de la vie éternelle, la Sainte Eucharistie, sceau de leur communion avec Dieu et de leur mutuelle charité (cf. Actes 2:42-47; 5:32-34).

Comme les disciples augmentaient sans cesse, les Douze décidèrent de désigner sept frères, appréciés de tous pour leur sagesse et remplis de l'Esprit Saint, pour les soulager dans le soin matériel de la communauté, notamment dans le service [1] des frères pendant les repas communs et dans l'assistance des veuves et des déshérités, de sorte que les Apôtres pussent se consacrer sans autre souci à la prière et à l'enseignement. Ces sept Diacres, auxquels les Apôtres imposèrent les mains, étaient: Etienne, Philippe, Prochore, Nicanor, Timon, Parménas et Nicolas (Actes 6:1-6). L'activité d'Etienne, qui était à leur tête, s'étendait bien au-delà de la seule subsistance matérielle de la communauté. Rempli de la grâce de l'Esprit Saint pour accomplir des miracles et parler avec l'autorité des envoyés de Dieu, Il faisait l'admiration de tous, à tel point qu'un jour des Juifs, furieux de ne pouvoir répondre à ses arguments, l'accusèrent faussement de blasphème et de complot contre les institutions de la Loi, et le traduisirent devant le Sanhédrin, le tribunal du grand-Prêtre.

Le jeune homme s'avança sans crainte devant les juges et l'Esprit que le Christ a promis de donner à Ses disciples en de telles circonstances (Mat. 10:19), lui inspira un discours enflammé, dans lequel il rappelait aux Juifs durs de cœur quelle bienveillance et quelle patience Dieu n'a cessé de montrer pour son peuple, promettant Son alliance aux Patriarches et venant sans cesse au secours de ses élus. Merveilles, prodiges, actions d'éclat, promesses, révélations terrifiantes par l'entremise de Moïse, au Sinaï, dans le désert et dans toute l'histoire d'Israël, sans se lasser Dieu fit tout pour élever son peuple élu au-dessus de l'attachement aux créatures et pour le délivrer de l'idolâtrie; mais toujours ils résistèrent, et lorsque vint sur la terre le Juste, le Sauveur et Rédempteur, la promesse des Patriarches et l'accomplissement des prophéties, ils montrèrent le même cœur incirconcis, la même résistance obstinée aux voies de l'Esprit Saint: " Tels furent vos Pères, tels vous êtes ! Lequel des Prophètes vos pères n'ont-ils pas persécutés ? Ils ont tué ceux qui prédisaient la venue du Juste celui-là même que maintenant vous venez de trahir et d'assassiner " (Actes 7:51-52).

La grâce de Dieu, qui remplissait le cœur d'Etienne et le rendait semblable au Ciel, faisait jaillir de sa bouche ces paroles inspirées et se répandait aussi sur son corps, irradiant son visage d'une lumière divine, comme le Seigneur le jour de sa Transfiguration (cf. Mat. 17:6; Luc 9:29). En le voyant ainsi revêtu de gloire étincelante, tel un Ange de Dieu (Actes 6:15), les Juifs siégeant au tribunal grinçaient les dents de haine, et leur rage éclata quand, levant les yeux au ciel et contemplant la gloire de Dieu et Jésus debout à la droite du Père aussi clairement que lorsqu' il reviendra à la fin des temps, le Saint s'écria : " Je vois les cieux ouverts et le Fils de l'homme debout à la droite de Dieu " (Actes 7:56). Incapables de supporter cette révélation de l'exaltation au ciel de Jésus-Christ et de son séjour corporel dans le sein de la bienheureuse Trinité, les Juifs se bouchèrent les oreilles et, se ruant sur Etienne, ils le menèrent hors de la ville où ils le lapidèrent.

Tandis qu'on le mettait à mort, Etienne, calme et radieux, exultait de joie de suivre ainsi l'exemple de son Maître, et les pierres qu'on lui jetait devenaient pour lui autant de degrés qui l'élevaient jusqu'à la vision glorieuse du Christ qu'il avait entrevue. En invoquant le Nom du Seigneur, il laissa échapper dans son dernier souffle, comme Jésus sur la Croix, ce cri de suprême amour pour ses ennemis: "Seigneur ne leur impute pas ce péché!" (Actes 7:60 ; cf. Luc 23:34).

Ornant l'Eglise des perles précieuses de son sang, Etienne fut le premier à emprunter la voie que le Christ a ouvert vers le Ciel par Sa Passion. Sa mort volontaire pour la vérité lui a ouvert les Cieux et lui a fait voir la gloire de Dieu. Sa parfaite charité envers Dieu et pour son prochain, allant jusqu'au pardon de ses bourreaux, l'a fait siéger au premier rang des amis de Dieu; c'est pourquoi les fervents émules des Martyrs, qui contemplent en ce jour la lumière resplendissante de son visage mêlée à celle de l'astre de Bethléem, se fient avec confiance en son intercession.

Le corps de Saint Etienne, enseveli par des hommes pieux, fut retrouvé en 415 à Caphargamala par le Prêtre Lucien, à la suite d'une apparition, et transféré à Jérusalem dans l'église bâtie en son honneur par l'Impératrice Eudocie, épouse de Théodose le Jeune. Par la suite, on les transféra de nouveau à Constantinople [2].

 NOTES:

 [1] Diacre vient du verbe diakonein = "servir"; non pas au sens de la soumission à une autorité, mais en tant qu'imitation du Christ qui s'est fait Lui-même le Serviteur de tous par Son Incarnation (cf. Lc. 22:27; Jn. 13:14). Le "service" chrétien est une expression de la charité fraternelle, "lien de la perfection" (Col. 3:14). 

[2] On célèbre l'invention des Reliques de Saint Etienne (en 415) le 15 septembre et leur transfert à Jérusalem puis à Constantinople le 2 août.    

Transfert des Reliques du Saint Premier-Martyr et Archidiacre Étienne

 Le 2 août, nous commémorons le Transfert des Reliques du Saint Premier-Martyr et Archidiacre Étienne à Jérusalem puis à Constantinople [1]

Après la lapidation de Saint Étienne par les Juifs, Gamaliel, le maître de Saint Paul dans l'étude de la Loi, mais qui, convaincu par les miracles du Seigneur, s'était fait baptiser par les Apôtres, encouragea certains autres Chrétiens à l'accompagner pour s'emparer du corps du Premier-Martyr, qui avait été abandonné sur la voirie, et l'ensevelir à Caphargamala, propriété qui lui appartenait, à quelques vingt milles de la Ville sainte.

Une fois achevé le deuil de quarante jours, Nicodème, le disciple nocturne du Seigneur (cf. Jean 3), qui avait échappé de peu à la persécution déclenchée à Jérusalem, parvint au village de Gamaliel, qui était son oncle, et lui demanda refuge. Il mourut des suites de ses blessures, quelques jours après, et fut enseveli aux côtés de Saint Étienne. Et Gamaliel et son fils de vingt ans, Habib, qui avait été lui aussi baptisé par les Apôtres, ne tardèrent pas à le rejoindre dans la mort.

De longues années plus tard, alors que ces sépultures étaient tombées dans l'oubli, Lucien, un Prêtre pieux et vénérable du village de Caphargamala, vit Saint Étienne lui apparaître à trois reprises [2]. Le Saint était vêtu du sticharion [3] de lin des Diacres, sur lequel était brodé son nom en lettres rouges et or. La tête couverte d'une longue chevelure blanche, il était chaussé de sandales d'or et tenait en main un bâton doré, avec lequel il frappa légèrement Lucien, en l'appelant par son nom. Il lui ordonna d'avertir l'Evêque de Jérusalem, Jean, et de procéder à l'invention de ses Reliques, pour que Dieu accomplisse par leur intermédiaire quantité de Miracles. Lucien alla aussitôt avertir l'Evêque Jean, qui lui commanda de creuser à l'endroit indiqué par le Saint, là où se trouvait un amoncellement de pierres. Cette même nuit, Saint Étienne apparut de nouveau à Lucien pour lui révéler que cet amas n'était qu'un mémorial élevé lors de ses funérailles, et qu'il devait chercher sa sépulture un peu plus au nord. Après avoir creusé en grande hâte, on découvrit une plaque de pierre, sur laquelle étaient inscrits en lettres hébraïques les noms d'Étienne, de Nicodème et d'Habib. Aussitôt la terre trembla et un suave parfum se répandit alentour, accomplissant soixante-treize guérisons. Et l'on put entendre des voix angéliques chanter: " Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre, aux hommes la bienveillance. " L'Evêque Jean, qui présidait alors un synode à Lydda (Diospolis), se rendit sur les lieux, assisté de deux autres Evêques, pour reconnaître le corps du Premier-Martyr, et il le transféra dans l'église de la Sainte-Sion à Jérusalem, le 26 décembre 415 [4]. Une pluie abondante vint alors mettre fin à la sécheresse qui affligeait depuis longtemps la Palestine.

On raconte que quelque temps après [5], la veuve du fondateur de l'église dans laquelle avait été déposée la Relique de Saint Étienne voulut transporter à Constantinople la dépouille de son mari. Mais, à cause de la ressemblance des deux sarcophages, ce fut la Relique du Saint qu'elle emporta. Tout le long du chemin les miracles se multiplièrent à son passage; et quand le navire parvint au port de Chalcédoine, les démons qui étaient cachés dans les flots crièrent qu'un feu insupportable les tourmentait. Quand le navire eut abordé, on posa le sarcophage sur un chariot traîné par des mules. Mais les bêtes s'arrêtèrent soudainement en un lieu nommé Constantianes, et l'une d'elles prit même une voix humaine pour déclarer qu'il fallait déposer là le corps du Saint. On eut beau atteler douze autres mules, il fut impossible de déplacer le chariot. On déposa donc les précieux restes, le 2 août, en cet endroit où une église en l'honneur du Saint Premier-Martyr fut ensuite édifiée.

 NOTES:

 [1] Nous résumons le récit de l'invention des Reliques attribué au Prêtre Lucien, qui a été transmis dans la tradition hagiographique, en ajoutant la narration de leur translation à Constantinople. En fait, comme le rapportent par ailleurs les chronographes byzantins (Théophane le Confesseur), la main droite de St Etienne fut envoyée par l'Archevêque de Jérusalem à Constantinople, en remerciement des dons accordés par l'empereur (429). Quand la Relique, apportée par St Passarion, arriva à Chalcédoine, le Saint apparut à l'impératrice Pulchérie, qui vint avec son frère, l'empereur Théodose le Jeune, accueillir ces précieux trophées, qui furent ensuite déposés au palais, avant d'être transférés dans la première église de la capitale dédiée au Saint. En 439, l'impératrice Eudocie (commémorée le 13 août), retirée aux Lieux Saints, envoya de Jérusalem d'autres parties du corps. Et, au VIe s., Julia Anicia transféra le reste des Reliques, dont la plus grande partie fut emportée en Occident par les Croisés lors du pillage de Constantinople en 1204. 

[2] Dans d'autres versions, c'est Gamaliel qui apparaît au Prêtre Lucien.

 [3] L'aube que revêtent les Diacres et les Prêtres pour célébrer. 

[4] C'est sous l'épiscopat de St Juvénal, le 15 mai 439, que les Reliques de St Étienne furent transférées dans la basilique élevée sur le lieu de sa lapidation, lors d'une grandiose cérémonie présidée par St Cyrille d'Alexandrie. Par la suite l'impératrice Eudocie, qui désirait être enterrée auprès du corps du Premier-Martyr, fit agrandir la basilique et y adjoignit un grand Monastère. Mais tous ces bâtiments furent ravagés lors de l'invasion perse de 614.

 [5] Nous accordons ici, arbitrairement, la chronologie de ce récit qui est placé par la tradition hagiographique au temps de St Constantin et de l'Archevêque de Constantinople, St Métrophane.