Lettre
pastorale à l'occasion des Ostensions
2002 Mgr
Dufour nous a quittés pour le diocèse d'Aix en Provence ; pour les
Ostensions de cette année 2007, n'ayant pas reçu de Lettre Pastorale, il
nous est bon de relire la Lettre de 2002. |
Le
10 mars 2002, le drapeau sera hissé sur le clocher de l'église
Saint-Michel-des-Lions et annoncera les soixante-dixièmes Ostensions
septennales qui s'ouvriront les 6 et 7 avril prochains successivement treize églises
en donneront le signal. Evêque de ce diocèse de Limoges depuis une année, je
les vivrai pour la première fois. Elles me feront entrer dans l'âme du peuple
limousin et dans ses traditions. Permettez qu'à cette occasion je vous adresse
cette lettre pastorale. Vous pourrez y lire mon vif désir que les Ostensions
soient un temps de bonheur pour tous ceux qui les vivront. Qu'elles ravivent la
solidarité de tout un peuple. Qu'elles manifestent notre destinée commune par
delà les clivages de toute nature qui fracturent dangereusement notre société.
J'ose exprimer le souhait que l'année des Ostensions soit pour tous une année
de grâce, une année sainte, où soient fortifiées notre foi, notre espérance
et notre fraternité dans la charité. Nous
sommes tous appelés à la sainteté. I
- FETER - HONORER - PRIER LES SAINTS DU LIMOUSIN. Nous
allons vénérer les reliques des saints limousins. Nous voulons par là les fêter,
les honorer, les prier. Mais qui sont-ils pour que nous les aimions ainsi? Ils
sont reconnus comme des fondateurs. La terre limousine les a portés, jadis, et
ils sont maintenant les racines du peuple qui a écrit sur cette terre sa genèse
et sa vie. Saint Martial, saint Junien, saint Yrieix, saint Léonard, saint Just,
saint Victurnien, saint Aurélien, saint Loup, saint Eloi, saint Gaucher et
saint Faucher, saint Blaise, saint Férréol, saint Israël et saint Théobald,
saint Etienne, saint Julien de Brioude et aussi Marie, la Vierge Sainte, leurs
noms résonnent pour désigner tant d'églises et de chapelles, tant de communes
et de rues ; ils signent par là quelques pages de l'histoire du Limousin avec
lequel ils ne font qu'un. Ils fondent ainsi, avec d'autres fondateurs, l'identité
d'un peuple. Ils
sont aussi des protecteurs et témoignent de la solidarité d'une population
souvent éprouvée. Proches et fidèles quand vient le temps de l'épreuve, ils
rendent plus forts et inspirent la solidarité. De
même que nous cherchons l'ami pour lui confier nos misères et nos difficultés,
de même nous trouvons les saints pour être apaisés de nos maux. Comme nous
sommes solidaires pour lutter contre l'injustice ou le fléau, ainsi nous
associons les saints à nos combats. Nous croyons à la communion de tous les
saints. Les
saints sont immortels. Ils n'étaient pas grands politiciens ni riches notables.
Ils sont restés des hommes et des femmes ordinaires, parfois même pauvres et
simples ermites. Hommes et femmes de prière, remplis d'un feu d'Amour, passionnés
d'humanité et brûlants de Dieu, ils portaient le mystère. Intimes du Christ,
l'Esprit les habitait. Ils sont vivants, éternels, étincelles du divin au cœur
de notre histoire. Les reliques que nous conservons d'eux les relient à la
terre et au ciel. Selon la tradition, depuis saint Etienne, là où est le
saint, les cieux sont ouverts. " Voici, dit-il, que je contemple les cieux
ouverts ". (Act 7, 56). "Ah, si tu déchirais les cieux ! ",
demandait déjà le prophète. (Isaïe 63, 19) Fidèles
à une parole, fidèles à des valeurs, fidèles au bien commun, fidèles à un
idéal de vie, fidèles à un message, fidèles à un amour, fidèles à Dieu,
fidèles du Christ, amis fidèles... C'est parce qu'ils sont fidèles que les
saints limousins sont le roc du peuple qui a mis en eux sa confiance. A leur
suite, nous reprenons le flambeau et le monde sera ce que nous en ferons. Il
- TOUS APPELES A LA SAINTETE. La
sainteté est le fondement de la dignité de tout être humain. Si l'homme est
respectable, c'est parce qu'il est saint. Ce qui donne à l'être humain son
prix, c'est qu'il est le lieutenant de Dieu, tenant lieu du Dieu saint sur la
terre. L'homme a été créé saint, à l'image de Dieu, dans l'Esprit Saint.
Voilà pourquoi tous sont appelés à la sainteté. C'est l'appel que je ravive
dans ce diocèse en cette année sainte des Ostensions. Appel
enraciné dans l'Ecriture. L'appel
à la sainteté est profondément enraciné dans la Bible. Il traverse toute l'Ecriture
depuis la révélation à Moïse. Dieu s'adressa ainsi à Moïse et dit "
Parle â toute la communauté des Israélites. Tu leur diras: Soyez saints, car,
moi, votre Dieu, je suis saint" (Lv 19,1-2). C'est la contemplation du
priant dans le chant des psaumes " Dieu, la sainteté est ton chemin
"(Ps 76, 14). Quand l'ange Gabriel vient demander à Marie l'impossible, il
lui annonce de la part de Dieu "L'Esprit Saint viendra sur toi" (Lc
1,35). Et quand Jésus envoie ses apôtres en mission, il leur dit "
Recevez l'Esprit Saint " (Jn 20, 22). L'apôtre Paul ne cesse de rappeler
aux premiers chrétiens leur vocation à la sainteté " Dieu nous a choisis
dans le Christ, avant que le monde fut créé, pour être saints" (Eph
1,4). C'est à des appelés à la sainteté qu'il adresse ses lettres "A l'Eglise
de Dieu établie à Corinthe, à ceux qui ont été sanctifies dans le Christ Jésus,
appelés à être saints > (I Co, 1-2). Selon l'apôtre Pierre, la sainteté
fonde l'identité d'un peuple " Vous êtes un peuple saint" (I Pi
2,9). Le baptême fait résonner cet appel dans la vie du chrétien "A tous
ceux qui l'ont accueilli, il a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu "
(Jn 1,12). L'enfant de Dieu est né du Dieu Saint. " Ainsi en est-il de
quiconque est né de l'Esprit ", disait Jésus à Nicodème (Jn 3,8). Tout
un programme inscrit en l'homme en sa genèse! Appelés
à être ce que nous sommes. Si
la sainteté est ce que porte l'être humain dans le plus intime de lui-même,
l'appel à la sainteté est un appel à être ce que nous sommes : des saints.
Ainsi, la sainteté n'est pas à l'arrivée, elle est au départ Dieu nous a créés
saints et il nous veut saints. La sainteté n'est pas comme la médaille d'or
aux Jeux Olympiques, qui laisse dans l'ombre les perdants. Elle n'est pas comme
une course où il y aurait les sélectionnés et les autres, les finalistes et
les autres, les médaillés et les autres, le gagnant et les autres... Nous
sommes tous des saints, tous premiers, parce que tous aimes et tous égaux dans
le cœur de Dieu. "Le bon Dieu ne saurait inspirer des désirs irréalisables,
écrivait Thérèse de Lisieux ; je puis donc malgré ma petitesse aspirer à la
sainteté ; me grandir, c'est impossible, je dois me supporter telle que je suis
avec toutes mes imperfections ". Ainsi la sainteté ne s'acquiert pas à la
force des poignets, elle est d'abord un don. Nous sommes engendrés par Dieu,
re-nés en Jésus-Christ. Nous sommes graves à tout jamais par l'Esprit Saint
d'amour du Père en Jésus-Christ. Appelés
à la sainteté au cœur du monde. Appelés
à la sainteté, nous sommes appelés à en laisser briller la lumière au cœur
du monde... Mais ce qui brille aux yeux de Dieu n'est pas forcément ce qui
brille aux yeux du monde. Ne nous laissons pas éblouir par les stars et les
vedettes que produit la société de compétition dans laquelle nous vivons. L'Evangile
nous apprend un autre regard. Aux premières places dans le cœur de Dieu, nous
voyons les pauvres, les doux, ceux qui pleurent, les assoiffés de justice, les
miséricordieux, les cœurs purs, les artisans de paix, tous ceux qui s engagent
sans peur du qu'en-dira-t-on, au risque de leur vie. "Heureux sont-ils
1" (Mt 5, 1-12). La sainteté vécue au cœur du monde est un humble chemin
de service et de bonté. "Il faut que je reste petite, que je le devienne
de plus en plus ", disait encore Thérèse. Ceux
que nous appelons les saints n'ont pas souvent été des "grands de ce
monde ". Marie, la première, ne fut qu'une humble femme d'un pauvre
village dont on disait " Que peut-il en sortir de bon ?" Marie est
aujourd'hui Sainte Marie et nous la contemplons étincelante, lumineuse, belle
de la beauté de Dieu. Nous la prions pour que par son intercession nous
devenions ce que nous sommes, saints, enfants de Dieu, nés du Dieu Saint, aimés,
engendrés de l'amour pour l'amour. III
- QUELQUES PISTES POUR VIVRE L'APPEL. Peut-on
programmer la sainteté ? " demandait Jean-Paul Il dans sa lettre
apostolique du 6 janvier 2001. " En réalité, ajoutait-il, cela signifie
exprimer la conviction que, si le baptême fait entrer vraiment dans la sainteté
de Dieu..., ce serait un contresens que de se contenter d'une vie médiocre...
Demander à un catéchumène : Veux-tu recevoir le baptême ? signifie en même
temps : Veux-tu devenir saint ? " (Novo Millennio § 31). "Veux-tu
devenir saint ? ", c'est l'appel inscrit par Dieu au fond de l'être
humain: "Ravive en toi le don, deviens ce que tu es ". Cet idéal de
vie n'est pas réservé à quelques héros. " Les voies de la sainteté
sont adaptés à la vocation de chacun (N.M. § 31). Que cette année 2002 nous
donne de nous laisser sanctifier dans ces voies, en nous préparant à la célébration
des Ostensions, et en vivant le Carême comme un temps fort de prière et de
conversion, de partage et de charité. Voici quelques pistes pour vivre l'appel
à la sainteté. •
Vivre son baptême. L'appel
aux disciples du Christ est limpide. Le voici tel qu'il était exprimé par le
Concile Vatican Il: "Cette sanctification qu'ils ont reçue, il leur faut,
avec la grâce de Dieu, la conserver et l'achever par leur vie" (Lumen
Gentium § 40). Cette vie chrétienne repose traditionnellement sur trois pieds:
la prière, la parole de Dieu et la charité fraternelle. Je vous invite à les
vivre davantage, personnellement et en Eglise, "comme il convient à des
saints" (Eph 5,3). La
prière. Prendre le temps du silence, de la louange, de la supplication, chaque
matin, chaque soir, seul, en famille, en frères et sœurs, recherchant
l'intimité et la présence du Christ "Je suis avec vous pour toujours
>, nous dit Jésus dans ses derniers mots à ses disciples (Mt 28,20). La
parole de Dieu. Les catholiques sont analphabètes de la Bible et de l'Evangile.
Ils n'en sont pas souvent familiers et ne pratiquent pas habituellement le
partage de la parole. " Ce n'est pas de pain seulement que l'homme vivra,
mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu > (Mt 4,4). Ouvre
la bouche et mange le livre ", disait Dieu à son prophète (Ez 3,1). Cette
parole de Dieu est parole de vie. Ouvrons-la chaque jour. Lisons-la,
mangeons-la, partageons-la en groupe, en communauté. La
charité fraternelle. Un chrétien isolé est un chrétien en danger. L'Evangile
est un art de vivre.., ensemble. " Voyez comme ils s'aiment ",
disait-on des premiers chrétiens. Une communauté chrétienne est un feu
d'amour. Et Jésus lui-même, lavant les pieds de ses frères, nous appelle au
service : " C'est un exemple que je vous ai donné, pour que vous fassiez,
vous aussi, comme moi j'ai fait pour vous " (Jn 13,15). Et l'apôtre Paul
appelle les chrétiens à revêtir " comme des élus de Dieu, saints et
bien-aimés, des sentiments de bienveillance, de bonté, d'humilité, de douceur
et de patience" (Col 3,12). Nous
pourrons mettre l'accent sur l'accueil au sein de nos communautés et de nos
rassemblements, être attentifs à ceux qui souffrent, visiter les malades et
les personnes seules. Que le Service Evangélique des Malades et les
associations caritatives stimulent cette ouverture aux autres et cet esprit de
charité. Que les équipes liturgiques veillent à l'accueil de tous, et
notamment des enfants et des jeunes, dans les rassemblements dominicaux. Que
soit favorisé le dialogue entre les générations, comme dans une famille. •
Célébrer et accueillir le pardon et la réconciliation. Si
la sainteté ne se gagne pas, elle peut se perdre. La robe de sainteté dont
nous avons été revêtus à notre baptême peut être souillée par notre
indignité et notre péché. Reconnaissons-le humblement.
Demandons et accueillons le pardon. Le Christ a lavé notre robe par l'eau et le
sang jaillis de son corps à la croix. Il nous réconcilie. " Laissez-vous
réconcilier > (Il Co 5,20). Que dans les quarante jours qui précèdent Pâques,
des célébrations de la réconciliation soient proposées dans toutes les
paroisses, et que les fidèles soient invités à demander le sacrement du
pardon de Dieu. •
Ouvrir les yeux et le cœur sur le monde. Après
l'année jubilaire, l'an 1 du nouveau millénaire a révélé la fragilité de
notre monde et quelques-unes de ses failles notamment à l'occasion des
attentats du il septembre. Que sera l'avenir ? Les Ostensions ne doivent pas
nous fermer les yeux. N'oublions pas que les saints ont bien souvent été des
visionnaires et que leur mémoire a parfois opéré des miracles dans des temps
de crise de l'histoire. Souvenons-nous du Miracle des Ardents qui a non
seulement guéri la fièvre mais aussi fait advenir la paix. Parce que la plus
grande fracture de notre planète est le fossé toujours plus large de l'inégale
répartition des richesses, ouvrons les yeux et le cœur sur le pauvre et l'étranger.
Que, dans nos paroisses, nos services et mouvements, l'exclu soit l'élu.
Souvenons-nous de l'aveugle sur la route de Jéricho, marginalisé et rabroué ;
Jésus ordonne qu'il soit amené près de lui, au centre, au cœur de la
communauté. (Lc 18, 35-43). Voyons loin. Voyons au-delà de nos frontières.
Apprenons le jeûne et le partage solidaire. Engageons-nous pour la justice et
le développement, fondements de toute paix durable. Cette année ostensionnaire
en Limousin est aussi une année d'élections en notre pays. " La
politique, disait Paul IV, est la plus haute forme de la charité. Le
bien commun doit préoccuper le chrétien. Ouvrons les yeux et le cœur sur le
monde. •
Connaître et aimer les saints, prier par leur intercession. Le
culte authentique des saints ne consiste pas tant à multiplier les actes extérieurs,
mais plutôt à pratiquer un amour fervente et effectif, cherchant ... à fréquenter
les saints pour les imiter à nous unir à eux pour avoir part à leur sort, à
obtenir le secours de leur intercession " (L.G. § 51). J'invite toutes les
paroisses du diocèse à proposer ce culte authentique, pour que tous les
catholiques apprennent à connaître et aimer les saints, à prier par leur
intercession. Les
saints sont nos maîtres. Ils nous enseignent un art de vivre. Cette année
ostensionnaire peut-être l'occasion de mieux connaître ceux dont nous portons
les prénoms, c eux qui ont donné leurs noms à nos communes et à nos églises,
ceux que nous aimons, ceux qui veillent sur notre Limousin. Les
saints sont nos intercesseurs. Entrés dans l'éternité de Dieu auprès du
Christ, ils demeurent proches de nous. Nous leur confions nos prières, dans la
communion de tous les saints. t
Christophe DUFOUR,Evêque de Limoges Au
fil des jours, les saints de notre diocese.... JANVIER
7
saint Théau ou Tillon, prêtre et ermite
10
saint Vaury, ermite FEVRIER
6
saint Vaast ou Gaston, évêque
8
saint Etienne de Muret, diacre et ermite
25
saint Avertan, religieux AVRIL
9
saint Gaucher, religieux
26
saints Alpinien et Austriclinien, prêtres MAI
10
saint Aurélien, évêque
22
saint Loup, évêque à Limoges JUIN
14
saint Psalmet, ermite
30
saint Martial, évêque, patron principal du diocèse AOUT
18
Bienheureux Raymond Pétiniaud, prêtre, et ses
Compagnons, martyrs
26
saint Yriejx, abbé
28 saint
Julien de Brioude, martyr SEPTEMBRE
2
Bienheureux François Vareille-Dutheil et
François Dumasrambaud, prêtres et
martyrs
4
saint Remacle, évêque
18
saint Ferréol, évêque
30
saint Victurnien, ermite OCTOBRE
6
saint Pardoux, abbé
10 saint
Marien, ermite
13
saint Léobon, ermite
16
saints Junien et Amand, ermites
22
saint Sylvain, martyr NOVEMBRE
5
saint Goussaud, ermite
6
saint Léonard, ermite
7
saints Israel, prêtre, et Tbéobald, diacre
8
tous les saints de l'Eglise de Limoges
26
saint Just DECEMBRE
1~
saint Eloi, évêque
10
sainte Valérie |